La ligne SNCF Limoges Angoulême

La ligne de Limoges-Bénédictins à Angoulême a été inaugurée le 26 avril 1875 par la Compagnie des chemins de fer des Charentes. Outre le désenclavement de la Charente limousine, cette ligne a contribué à l’industrialisation de la Haute-Vienne et de la Charente sur son parcours : usine de textile et briqueterie de la Rochefoucauld, tuileries de Roumazière-Loubert, usine d’Exideuil, papeteries de Saillat-Chassenon, fonderie de Ruelle sur Touvre.

Depuis le 14 Mars 2018, plus aucun train ne circule entre Angoulême et Limoges. Les employés de la SNCF ont déserté les différentes gares du parcours. Les usagers qui veulent voyager entre Angoulême et Limoges n’ont pas le choix, ils doivent prendre le bus et leur mal en patience pendant les 2h20 que dure le trajet.

La SNCF n’a pour autant pas officiellement fermé la ligne. Différents projets s’affrontent entre la rénovation et la fermeture définitive de la ligne.

Pendant ce temps, la nature reprend tranquillement ses droits.

Première sortie des gendarmes

Le gendarme, du nom savant pyrrhocore ou Pyrrhocoris apterus, est encore appelé aussi diable ou cherche-midi, en raison de son attirance pour le Soleil au zénith.

Vous en avez certainement dans votre jardin. Ils sont souvent blottis dans les nervures des troncs, ou au raz des pâquerettes. Ils se réveillent au début du printemps et se dégourdissent les jambes aux premiers rayons du soleil.

Le sentier des lutins

J’aime me promener en forêt, à pied ou à vélo. Ces moments de grands airs sont apaisants et permettent de se ressourcer. La nature reste aussi un grand terrain de jeu et de découverte.

Pas très loin de la maison, j’ai repéré il y a quelques temps un petit chemin étroit où des décorations laissées au sol ont attiré mon attention : motif en débris de terre cuite, boucles en osier tressés… S’agit-il de créations d’enfants ?

Un dimanche après-midi d’hiver, je me décide de retourner sur les lieux et prendre le temps d’examiner en détail, les différentes créations entreposées le long du sentier.

D’habitude je dévale rapidement ce passage légèrement vallonné,  les doigts crispés sur les freins du VTT. Aujourd’hui, je reviens à pied.

Après quelques minutes de marche, je repère la naissance du sentier. Je pénètre dans ce passage couvert et je découvre une multitude de motifs au sol, des créations de boules de fragon, de mousse et de lierres attachées aux branches. Un peu plus loin, une hutte est dressée avec à l’intérieur des pierres disposées en cercle, comme rappelant un ancien feu.

Alors que de n’avais pas prêté attention à vélo, une bifurcation apparaît. Par curiosité je choisis de suivre ce chemin qui semble se diriger vers la paroi rocheuse. Je distingue plus loin de grands piquets assemblés comme un échafaudage. Je m’approche et je découvre des marches aménagées avec des bouts de bois. Je grimpe l’escalier et atterris sur une plateforme menant à une grotte enfoncée dans le rocher.

Un gros gourdin en forme de tête d’animal et différents piquets organisés en croisillons semblent protéger l’entrée. Une vieille poêle laissée sur un âtre imaginaire semble rappeler un ancien festin. Mon œil est attiré vers un morceau de plastique sur lequel est inscrit « Attention traverse de lutins ».

J’entre dans la grotte. L’intérieur est aménagé. Un coin cuisine où je peux imaginer un gibier tout juste chassé et cuisant à la broche. Dans le centre, des bouts de bois sont organisés à la façon d’une table et de bancs. Plus loin un tapis de mousse est entouré de petits cailloux à l’image d’un lit. J’ai l’impression d’être transporté dans le passé, à l’époque de la préhistoire.

Je poursuis mon chemin et je découvre une deuxième grotte en cours d’aménagement.

Ce sentier décoré, ces grottes aménagées m’interpellent et j’imagine qu’il a fallu de nombreuses heures, voire des journées pour effectuer ces différents aménagements. Mais je ne parviens toujours pas à répondre à la question initiale. S’agit-il de réalisations d’enfants ou adultes ? Dans tous les cas, le résultat est surprenant et remarquable.

J’essaierai de revenir prochainement sur ce sentier des lutins.

Darkness

Cette série aurait pu s’intituler « Noir c’est noir » en hommage à Johnny Hallyday, mais je l’ai finalement nommée « Darkness ». J’aurais pu également choisir le terme « obscurité », mais j’ai tendance à préférer le mot anglais qui me paraît plus profond et plus approprié.

Cette série est née lors d’une balade hivernale, le long d’une rivière où j’ai plaisir à me ressourcer. Ce jour-là, le ciel était bien gris, et je suis parti en cette fin d’après-midi avec l’idée d’imaginer de futurs projets photographiques. Comme à chaque sortie, j’avais pris mon appareil photo. Dans ma tête j’avais rendez-vous avec un arbre majestueux planté juste au bord de l’eau. Un arbre magnifique, avec des racines à fleur de terre. Un arbre couvert de mousse, où l’humidité est permanente tout au long de l’année.

Avec cette idée d’arbre en tête et après quelques minutes de marche et de rêveries, je suis arrivé à destination. J’ai sorti mon appareil photo. Mes yeux ont cherché comment magnifier cet arbre. Je me suis approché du sol, de la terre trempée par les dernières averses. J’ai commencé à photographier ses racines, son tronc difforme et penché vers la rivière.

Étrangement je ne suis pas resté longtemps au pied de cet arbre. J’ai poursuivit mon chemin, attiré par les bouts de bois jonchant le sentier, par les cicatrices laissées sur les vieux troncs tortueux, les écorces épaisses des vieux peupliers.

Tout en marchant, tout en photographiant ci et là, une nouvelle série prenait forme dans ma tête.

Chaussures bien grasses, pantalon trempé, je rentrai à la maison rechercher un peu de chaleur. Une bonne tasse de café et j’étais devant mon ordinateur. J’ai transféré une cinquantaine de fichiers. Je n’ai pas cherché très longtemps, ma sélection fut rapide. Deux ou trois traitements différents et je trouvai l’atmosphère sombre que j’avais imaginée en marchant.

Le noir et blanc me paraissait évident. Des noirs à la limite de l’obscurité totale, laissant paraître par endroit quelques nuances de gris. Des clichés sombres comme je les aime. Des clichés où la matière est présente, tortueuse.

Ces clichés me représentent-ils ? Je ne sais pas trop. J’aime les photos où la matière est présente. J’ai tendance à préférer les atmosphères lugubres aux images claires où tout me semble évident au premier regard. L’obscurité me semble plus mystérieuse et me paraît demander une attention différente et plus soutenue.

La série « Darkness » est complètement différente de ma démarche habituelle. En général, j’ai tendance à préparer, à imaginer en amont le scénario des séries que je réalise. Cette série est née de nulle part. Était-elle en gestation dans mon esprit depuis longtemps ? Pourquoi est-elle sortie à ce moment-là ?

Il n’empêche que cette série n’était pas prévue et que je suis un peu embêté. Quelle suite lui donner ? Comment lui donner vie ? Comment la montrer ?

J’ai finalement décidé de vous la livrer telle quelle. De vous la partager en vous racontant son histoire.

N’hésitez pas à me faire part de vos remarques.