Routine matinale

Tous les matins, au réveil nous faisons à peu près toujours les mêmes gestes. L’idée de la série était de mettre en scène cette routine matinale.

Mais comment mettre en images quelque de chose de complètement banal à mes yeux ? J’ai réfléchi un peu de temps avant d’identifier des plans qui pouvaient être pris en photo.

Voici donc 8 photos qui représentent mon train-train matinal. Et pour vous ça se passe comment ?

Le sentier des lutins

J’aime me promener en forêt, à pied ou à vélo. Ces moments de grands airs sont apaisants et permettent de se ressourcer. La nature reste aussi un grand terrain de jeu et de découverte.

Pas très loin de la maison, j’ai repéré il y a quelques temps un petit chemin étroit où des décorations laissées au sol ont attiré mon attention : motif en débris de terre cuite, boucles en osier tressés… S’agit-il de créations d’enfants ?

Un dimanche après-midi d’hiver, je me décide de retourner sur les lieux et prendre le temps d’examiner en détail, les différentes créations entreposées le long du sentier.

D’habitude je dévale rapidement ce passage légèrement vallonné,  les doigts crispés sur les freins du VTT. Aujourd’hui, je reviens à pied.

Après quelques minutes de marche, je repère la naissance du sentier. Je pénètre dans ce passage couvert et je découvre une multitude de motifs au sol, des créations de boules de fragon, de mousse et de lierres attachées aux branches. Un peu plus loin, une hutte est dressée avec à l’intérieur des pierres disposées en cercle, comme rappelant un ancien feu.

Alors que de n’avais pas prêté attention à vélo, une bifurcation apparaît. Par curiosité je choisis de suivre ce chemin qui semble se diriger vers la paroi rocheuse. Je distingue plus loin de grands piquets assemblés comme un échafaudage. Je m’approche et je découvre des marches aménagées avec des bouts de bois. Je grimpe l’escalier et atterris sur une plateforme menant à une grotte enfoncée dans le rocher.

Un gros gourdin en forme de tête d’animal et différents piquets organisés en croisillons semblent protéger l’entrée. Une vieille poêle laissée sur un âtre imaginaire semble rappeler un ancien festin. Mon œil est attiré vers un morceau de plastique sur lequel est inscrit « Attention traverse de lutins ».

J’entre dans la grotte. L’intérieur est aménagé. Un coin cuisine où je peux imaginer un gibier tout juste chassé et cuisant à la broche. Dans le centre, des bouts de bois sont organisés à la façon d’une table et de bancs. Plus loin un tapis de mousse est entouré de petits cailloux à l’image d’un lit. J’ai l’impression d’être transporté dans le passé, à l’époque de la préhistoire.

Je poursuis mon chemin et je découvre une deuxième grotte en cours d’aménagement.

Ce sentier décoré, ces grottes aménagées m’interpellent et j’imagine qu’il a fallu de nombreuses heures, voire des journées pour effectuer ces différents aménagements. Mais je ne parviens toujours pas à répondre à la question initiale. S’agit-il de réalisations d’enfants ou adultes ? Dans tous les cas, le résultat est surprenant et remarquable.

J’essaierai de revenir prochainement sur ce sentier des lutins.

Monologue d’un corps

Le texte ci-après vous raconte l’histoire de la série « Monologue d’un corps » qui sera présentée à l’occasion du festival de l’émoi photographique 2018 du 24 mars au 29 avril.

Cette série est née de la collaboration d’une jeune écrivaine (20 ans), Candice Labrousse et d’un photographe, Philippe Le Roy (52 ans).

Nous sommes voisins, et nous habitons une petite ville de la banlieue d’Angoulême. Nous nous sommes rencontrés lors d’une séance photo pendant l’été 2016. Pendant ce shooting, nous avons échangé sur nos passions et nous avons imaginé de travailler ensemble sur un projet.

Nous souhaitions construire une œuvre commune, tout en laissant à chacun la liberté de s’exprimer dans sa discipline.

Au début de l’automne 2016 la feuille était blanche et nos interrogations étaient multiples : Comment l’écriture pouvait-elle se mêler à la photographie ? L’écriture devait-elle porter la photographie ? La photographie devait-elle être le sujet principal ? Après quelques journées de réflexion individuelle, nous avons déterminé le contour du projet. Nous avons choisi un thème qui nous tenait à cœur : le corps humain.

Nous habitons tous un corps avec notre âme. Vous souhaitions aborder le corps avec un regard différent. Aussi nous avons imaginé chaque partie du corps humain comme un individu qui raconte une histoire. Chaque partie du corps avec une âme et une conscience.

Candice s’est attelée à l’écriture des différents textes, pendant que Philippe réalisait les différents plans photographiques nécessaires à l’œuvre finale. La construction s’est étalée sur 3 mois environ, pour donner naissance à une première version qui a été présentée en février 2017, dans une médiathèque de l’agglomération d’Angoulême.

Le thème de l’émoi photographique 2018, « le corps dans tous ses états » approchait dans l’idée, la série que nous avions construite tous les deux. Nous avons donc décidé de présenter nos 12 planches à la sélection.

Pour répondre aux critères imposés, nous avons quelque peu adapté la série « Monologue d’un corps » : changement du format d’impression, réduction des textes, modification des fonds.

Au cours de l’automne 2017, nous avons appris avec beaucoup de bonheur que notre série avait retenu l’attention du jury.

Nous sommes heureux aujourd’hui de vous présenter notre œuvre commune.

Vous trouverez ci-après un aperçu des planches qui seront présentées lors du festival de l’émoi photographique du 30 mars au 25 avril 2018 à Angoulême. Pour toute information complémentaire n’hésitez pas à vous rendre sur le site www.emoiphotographique.fr

Darkness

Cette série aurait pu s’intituler « Noir c’est noir » en hommage à Johnny Hallyday, mais je l’ai finalement nommée « Darkness ». J’aurais pu également choisir le terme « obscurité », mais j’ai tendance à préférer le mot anglais qui me paraît plus profond et plus approprié.

Cette série est née lors d’une balade hivernale, le long d’une rivière où j’ai plaisir à me ressourcer. Ce jour-là, le ciel était bien gris, et je suis parti en cette fin d’après-midi avec l’idée d’imaginer de futurs projets photographiques. Comme à chaque sortie, j’avais pris mon appareil photo. Dans ma tête j’avais rendez-vous avec un arbre majestueux planté juste au bord de l’eau. Un arbre magnifique, avec des racines à fleur de terre. Un arbre couvert de mousse, où l’humidité est permanente tout au long de l’année.

Avec cette idée d’arbre en tête et après quelques minutes de marche et de rêveries, je suis arrivé à destination. J’ai sorti mon appareil photo. Mes yeux ont cherché comment magnifier cet arbre. Je me suis approché du sol, de la terre trempée par les dernières averses. J’ai commencé à photographier ses racines, son tronc difforme et penché vers la rivière.

Étrangement je ne suis pas resté longtemps au pied de cet arbre. J’ai poursuivit mon chemin, attiré par les bouts de bois jonchant le sentier, par les cicatrices laissées sur les vieux troncs tortueux, les écorces épaisses des vieux peupliers.

Tout en marchant, tout en photographiant ci et là, une nouvelle série prenait forme dans ma tête.

Chaussures bien grasses, pantalon trempé, je rentrai à la maison rechercher un peu de chaleur. Une bonne tasse de café et j’étais devant mon ordinateur. J’ai transféré une cinquantaine de fichiers. Je n’ai pas cherché très longtemps, ma sélection fut rapide. Deux ou trois traitements différents et je trouvai l’atmosphère sombre que j’avais imaginée en marchant.

Le noir et blanc me paraissait évident. Des noirs à la limite de l’obscurité totale, laissant paraître par endroit quelques nuances de gris. Des clichés sombres comme je les aime. Des clichés où la matière est présente, tortueuse.

Ces clichés me représentent-ils ? Je ne sais pas trop. J’aime les photos où la matière est présente. J’ai tendance à préférer les atmosphères lugubres aux images claires où tout me semble évident au premier regard. L’obscurité me semble plus mystérieuse et me paraît demander une attention différente et plus soutenue.

La série « Darkness » est complètement différente de ma démarche habituelle. En général, j’ai tendance à préparer, à imaginer en amont le scénario des séries que je réalise. Cette série est née de nulle part. Était-elle en gestation dans mon esprit depuis longtemps ? Pourquoi est-elle sortie à ce moment-là ?

Il n’empêche que cette série n’était pas prévue et que je suis un peu embêté. Quelle suite lui donner ? Comment lui donner vie ? Comment la montrer ?

J’ai finalement décidé de vous la livrer telle quelle. De vous la partager en vous racontant son histoire.

N’hésitez pas à me faire part de vos remarques.